Vous est-il déjà arrivé de penser que votre randonnée était monotone? que les paysages se ressemblaient tous? Qu’en une heure de marche toujours les mêmes châtaigniers ombragent vos pas? Et puis de toute façon vous ne les regardez même plus car vous fixez vos pieds pour ne pas vous vautrer, un pas de plus sur le chemin caillouteux…Si bien qu’au bout d’un moment vous finissez par vous demander mais pourquoi marcher? Et ces stupides abeilles qui bourdonnent sans arrêt à vos oreilles, les garces elles ont retrouvé votre trace après le déjeuner. Et cette ampoule au petit doitgt de pied, le même cassé il y a 9 ans aujourd’hui déformé, douleur sourde et lancinante, et cette côte qui n’en finit plus si bien que vos cuisses commencent à brûler…A quoi bon marcher??

Alors que vous pestez intèrieurement vous ne vous rendez même pas compte que deux heures trente se sont déjà écoulées et que vous avez gravi ce raidillon en quelques minutes. Vous avez atteint le sommet. Plus un mot. Juste le vent à vos oreilles. Votre esprit est absorbé tout entier, figé dans la contemplation du panorama magnifique et infini, qui sétend sous votre regard muet. La splendeur minérale et sauvage s’impose à vous.

Après un temps vous êtes à nouveau en mesure de formuler une pensée, alors vous remerciez tous les éléments de la terre et du ciel, du destin ou de Dieu s’il existe, de l’univers et des galaxies qui vous ont permis d’être là et de vivre cet instant si simple et si essentiel. Dans la journée il en sera de même avec cette clairière aux lianes géantes, avec cette rivière fraiche et miroitante, avec des rizières devenues si familières mais toujours surprenantes. C’est ce qu’on appelle la magie du chemin.

Magie d’une rencontre aussi dans le petit village du soir. Perdues au milieu des femmes belles et fières du nord de la Thailande.