Nikko et le bestiaire multicolore de Futarasan
Tokyo le matin se pare d’un nouveau visage, serein, doux et apaisé, nous sommes loin d’imaginer les tulmutes des néons nocturnes.
Nikko est une petite ville fondue au milieu des forêts de pins japonais, nichée entre le mont Nantai et les Cascades aux eaux miraculeuses. Quel bonheur de s’y arrêter pour un bon bol d’air loin du tumulte électrique de Tokyo.
Le pont sacré de Shinkyo est particulièrement photogénique à l’automne et est le point d’entrée au sanctuaire. Sa couleur fait miroir aux feuilles des érables flamboyants…quand on y vient à la bonne saison! Il permet d’accéder à la montagne sacrée qui regorge de trésors et ce matin là avec Katarina nous sommes loin d’être les seules à vouloir les découvrir.
C’est donc au milieu des élèves de primaire aux casquettes multicolores que nous contemplons la finesse du travail des artisans du bois. D’abord nous accueille solennelle, la pagode à 5 étages de Gojunoto qui n’a rien à envier à la Tokyo Tower en l’égalant en centimètres.
Les cascades ont inspiré le moine bouddhiste Shōdō Shōnin a fondé le sanctuaire shintô Futarasan-jinja en 767. Je ne peux que remercier l’univers qui m’a permis d’être ici aujourd’hui pour pouvoir vous partager ces photos hautes en couleur.
Plus loin le portail de l’écurie sacrée de l’empereur est sculpté de petits singes espiègles qui surveillent les touristes en riant.
Nous déambulons entre les bâtiments richement gravés et magnifiés à la feuille d’or, dont le plus bel exemple est la porte Yomeimon qui garde le sanctuaire, trésor national il fallait au moins ça!
Nous grimpons ensuite les centaines de marches sous la protection des pins graves jusqu’à la tombe du seigneur Tokugawa Ieyasu enterré sous la pagode en alliage d’or et de cuivre. Le Shogun a été enterré en 1617, ça en dit long sur l’excellence des artistes et des ingénieurs de l’époque.
Au détour d’un temple nous rencontrons avec bonheur ce faiseur de petits poissons! Délicieuses pâtisseries préparées minute, ces petites gaufres en forme de carpe sont fourrées à la pâte de haricot rouge ou à la crème, ça frétille sous les papilles!
C’est exactement ce qu’il nous fallait pour prendre des forces et attaquer l’ascension jusqu’à la chute de Kegon. En bus!
Alors que la nuit tombe Katarina reprend le train pour Tokyo et je regagne le centre ville à la recherche de mon air B&B. Il fait humide et la nuit est tombée telle une chape de plomb sur les petites rues de Nikko où les réverbères n’ont pas cru bon s’imposer. Je décide d’abord de trouver mon logement puis de ressortir pour diner. Après 25 minutes d’effroi dans les ténèbres, où des aboiements aux allures de chien des baskerville me glacent le sang; Je m’apercevrai le lendemain qu’il s’agit du teckel du voisin et qu’il mesure 30 centimètres au garrot; où un géant de fer, tout droit sorti des plus noirs comptes de Grym, semblent vouloir me saisir dans sa poigne d’acier; Je m’apercevrai le lendemain qu’il s’agit d’une vielle carcasse de voiture dans le jardin d’à côté; et où un moine à l’allure dantesque, aux intentions obscures appartenant probablement à une secte satanique, s’avère être un jeune ado imberbe qui crapote avec un sweat à capuche et les écouteurs à fond, j’arrive chez Monsieur Midorian! Ouf! Autant vous dire que je ne suis pas ressorti ni pour trouver un restaurant ni même une petite supérette. Je me suis jetée sur les galettes de riz et les kitkats au thé vert gentillement offerts par mon hôte, cela a constitué un repas totalement déséquilibré mais fort bienvenu surtout en le dégustant les pieds au chaud sur la résistance cachée sous la couverture de la table basse!! je veux ça chez moi!!
Un bon bain chaud, une discussion animée avec mes deux colocataires israéliens pour la nuit et me voilà requinquée! Vous aussi j’espère car demain je vous emmène en randonnée!
Anecdotes du soleil levant :
- Au japon on met des tuteurs à chaque branche de pin!
Written by delphine in Japon
