Le dome A d’Hiroshima

Grand moment de solitude en face du buffet du petit-déjeuner traditionnel japonais. Je parcours la salle du regard à la recherche de mon ange gardien Choi mais il n’est point là. Je mets en place ma technique imparable face à une gastronomie non identifiée : je prends absolument de tout et toute petite quantité. C’est en me dirigeant vers ma table avec un plateau bien rempli que je m’aperçois que je n’ai testé qu’un tiers du buffet!! Deux longues tables de mets inconnus m’attendent encore pour un second et même un troisième tour. Nous aurons donc ce matin du plus “classique” omelette roulée comme une bûche de Noël, pot au feu, rognon de veau (oui oui vous avez bien lu, il est 8h30 du matin à l’heure où je vous écris), salade de crudités maïs, poivrons, tomates cerise, vinaigrette avec des algues qui lui donne une petite touche à la fois iodée, croquante et gélatineuse (on va dire que c’est conceptuel) au plus improbable, poisson fumé non identifié, bouillie fumée et salée elle aussi non identifiée, pickles roses fluo, pimentés avec plein de toutes petites graines à l’intérieur, boulettes de riz fourrées aux algues ou au pickles de prune aigre douce…saviez vous que le petit déjeuner japonais est le plus sain du monde?! Je conclus par une valeur sûre ananas et letchi frais en contemplant la baie sous le soleil. Je quitte à regret Choi et son Aki Grand Hotel avec sa terrasse qui a tout des airs de grandes vacances.
J’arrive à Hiroshima. La matinée s’annonce belle, propice à la visite du plus beau jardin de la ville.
Je me régale non seulement des premières couleurs d’automne se reflétant dans l’étang, enjambé par ses 14 petits ponts mais aussi d’une délicieuse tarte patate douce qui a un goût doucereux de marron (ne me demandez par pourquoi elle est violette!). J’avais une réduction avec l’entrée du jardin soit pour le musée adjacent soit pour le petit café fallait bien que je choisisse!
tarte
Je continue ma promenade dans une ville assez calme et sans charme particulier vers le château. J’ai loupé celui d’Osaka  qu’a cela tienne je me rattrape à Hiroshima. Il n’a pas de nom d’oiseau alors nous l’appellerons le château rouge gorge : pour sa façade de bois marron et les jolies arbres rouges qui ont revêtus leur parure automnale à ma plus grande joie.  Reconstruit après 1945 en béton il ne donne pas cette impression de  rencontrer l’histoire comme celui d’Himmeji néanmoins il héberge un musée fort intéressant détaillant les techniques de construction ainsi que toute l’histoire de la ville depuis le 11 ème  siècle, le tout bien détaillé et en anglais. Bref j’apprends plein de chose et je retiendrai que les pauvres paysans morflaient pas mal au moyen moyen-âge, genre tu trimes déjà à récolter ton riz et à me payer des taxes bah c’est pas grave viens quand même construire mon château le dimanche en y laissant potentiellement la vie (ouai ils étaient pas très à cheval  sur la sécurité à l’époque, tiens mais ça vous rappellerait pas…un autre pays…genre…la France!)Je retiendrai aussi qu’Hiroshima recelait tous les savoirs faire de l’époque et était une ville prospere. Et puis si vous n’êtes pas branché culture, histoire tout ça tout…ça vaut le coup pour deux choses : se prendre en photo en tenue de  (et bien mes amis un casque de samouraï ça pèse son poids!) Et avoir une vue 360 degrés sur Hiroshima a l’autonme depuis la terrasse du dernier étage.
D’un coup le soleil est voilé sur Hiroshima. Un peu comme le voile qu’il y a sur mon cœur en face du tristement célèbre “Atomic bombe dome”. Les habitants d’Hiroshima ont longtemps hésité entre raser les vestiges d’un bien tragique souvenir ou les garder pour la mémoire de l’humanité. Après la démolition de la majorité des quelques bâtiments encore plus ou moins debout après le 6 août 1945 le palais municipale de l’économie a été conservé et c’est le cœur un peu serré que je prends quelques clichés.
Le parc de la paix est envahi de classes d’élèves japonais de tous âges. Les mêmes que je retrouve dans les galeries bondées du musée mémorial pour la paix d’Hiroshima.
Le ticket d’entrée étant très bas je complète avec l’audio guide en français, bonne idée car les cartels en anglais sont inaccessibles, engloutis par la foule. La voix dramatique de la compteuse accentue mon malaise devant les restes des victimes : vêtements, chaussures, cartables, boite de déjeuner ou affaire domestique…ça s’accentue devant les photos en noir et blanc format A0 de grands brûlés défigurés. Moi qui croyais qu’ils étaient tous morts sur le coup sans même avoir le temps de dire ouf. Pas du tout. Des heures voire des jours d’agonie ou de souffrance les poussant au suicide.  Et je vous la fais courte sur les milliers de rescapés morts de cancer dans les années suivants le drame, sans parler des familles dessimées n’ayant plus de quoi survivre et des orphelins. J’ai l ‘estomac retourné. Je suis effondrée de constater de mes propres yeux ce que l’homme est capable de s’infliger. La visite se conclut de façon extrêmement gaie par un “imaginer une telle arme au main d’une organisation terroriste”. Non je préfère pas. Bref Je ressors du musée le moral dans les chaussettes comme après la visite du lycée de Pnon Pnen au Cambodge. Du coup si je dois mourir demain autant que ce soit après un super dîner! Et ça tombe bien car un de mes plats préférés l’okonomiyaki est originaire de la région d’Hiroshima et j’ai justement une des meilleures adresses du coin à 800 mètres. J’accompagne le tout d’huitres chaudes sur plaque chauffante! Y a pas à dire le gras c’est la vie!

Written by delphine in Japon

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