Platoon!!

Avant de commencer, une fois n’est pas coutume, un petit peu d’histoire :
La deuxième guerre d’Indochine commence après un coup d’État pro-américain en 1964 : jusqu’à 500 000 soldats américains sont engagés au Sud-Vietnam pour tenter de contrer les maquis communistes qui reçoivent du Nord une aide massive. La “Piste Hô Chi Minh“, réseau de routes et de sentiers que les Nord-Vietnamiens empruntent dans les montagnes de la cordillère annamitique, pour ravitailler leurs alliés Vietcongs du Sud-Vietnam, est située en territoire laotien. Pendant des années, les bombardiers américains basés en Thaïlande s’emploient à bloquer cette artère vitale pour les communistes Vietnamiens. Entre 1964 et 1974, le Laos devient le pays le plus bombardé de l’histoire, si l’on rapporte les bombardements au nombre d’habitants : pendant 10 ans, le pays subit une mission de bombardement toutes les 7 minutes*.
* : Valérie de Graffenried, de retour du Laos, Le Temps, samedi 21 juin 2008
Et merci wikipédia!
Platoon, pour les petits jeunes qui seraient nés après 87, est la référence en ce qui concerne les films sur la guerre du Vietnam. Vous allez vite comprendre.
Concrètement 40 ans plus tard ça donne des maisons aux fondations…comment dire…au design historique :
Platoon 06
Le trek du jour est tout simplement au coeur de cette zone désormais paisible et verdoyante. Tout commence par une promenade dans les rizières, je m’essaie à l’extraction des grains de riz et vu mon talent une reconversion en temps qu’agricultrice laotienne ne me parait pas envisageable… Une heure après la véritable aventure Platoon commence!! Avec un jeune couple suisse Andréa et André (ça ne s’invente pas ça!) et pas moins de deux guides pour nous trois nous pénétrons en zone de guerre…
….Les balles sifflent à mes oreilles, il faut absolument que nous nous mettions à couvert! Les bombardiers n’ont de cesse de nous pilonner. Le soleil rougeoie à l’horizon ou bien est-ce le feu d’une nouvelle explosion?! Lorsque je pénètre enfin à couvert, dans la jungle, je n’ai qu’un très bref moment de répit. A peine les pieds dans le ruisseau, malgré mes rangers qui me meurtrissent les pieds, les sansgues, ces vampires, ont réussi à pénétrer et ont attaqué mes mollets. Il y a 100% d’humidité mes vétements, cousus main au Wyoming, ne sont pas du tout adaptés au climat tropical. Mon front est couvert de sang et sueur. Mon sac de 55 kg avec la radio et le groupe électrogène pour préparer les burgers me défonce le dos mais qu’importe! Je ne lâcherai pas le sergent Taylor dont la jambe s’est infectée après avoir reçu une balle…oohhh chienne de vie….Adriennnnnnneee…..quand rêverai-je les plateau verdoyant du Yosemite!!???…….
Non mais sérieusement, aujourd’hui la nature a repris ses droits et elle absolument magnifique mais quelque peu inhospitalière. Je comprends pourquoi nous avons deux guides, en fait nous testons un nouveau “chemin” de trek et pendant que le premier ouvre la voix à la machette au milieu des lianes et des fougère géantes, l’autre pêche et chasse notre déjeuner. Au menu, minuscules crabes et poissons de rivière et sauterelles géantes! Nous marchons dans l’eau la majorité du temps pour éviter les sangsues qui ont proliféré suite aux pluies qui se sont éternisées (Merci le dérèglement climatique!) mais une fois dans la rivière ce sont les araignées dans les branchages qui menacent de s’installer dans mes cheveux. Dans la série “qu’est-ce tu préfères?” : avoir des sangsues sur les pieds ou des araignées dans les cheveux? J’opte pour les sansgues, à chaque fois que j’ai retiré mes chaussures j’en ai retiré entre 3 et 6 heureusement mes chaussettes roses fluo ont fait une belle barrière…Après le déjeuner nous escaladons la falaise au milieu de la jungle pour découvrir les fameuses grottes qui servaient de refuge et d’hôpital à l’armée d’Indochine dont les soldats connaissaient bien le terrain…La progression en l’absence de chemin est très difficile. Des tapis de feuilles mortes cachent des rochers acérés. Plus tard je manque de m’effondrer lorsque je mets le pied sur un tronc de bambou  qui paraissait solide mais qui en fait pourri…journée éreintante et pensée compatissante pour les soldats qui ont du vivre ici l’enfer…
La fin de la journée est beaucoup plus décontractée. Je pars dormir chez l’habitant! J’enfourche le scooter, après avoir insisté 20 minutes pour avoir un casque, pas très rassurée dans des petits chemins de terre avec mon chauffeur. Non seulement il ne connait pas le chemin mais en plus il n’est pas plus rassuré que moi par l’état de la route…super! Il fait nuit quand nous arrivons sein et sauf (après nous être perdus) dans la maison d’une charmante mère de famille de 40 ans prénommée Noam. Son mari et ses enfants sont absents, le premier travaillant avec des touristes les seconds étant en internat. Mon gentil chauffeur Vanh reste avec nous pour le diner, duquel je participe avec plaisir à la préparation, et joue les interprètes. Je partage avec mes nouveaux amis mon chocolat noir Lindt éclat de noix coco (merci Papa!) et Noam sort l’énorme bouteille de Lao Lao maison! Dodo dans son salon sous la moustiquaire à 21h, après une pareille journée et quelques verres de Lao Lao autant vous dire que je tombe rapidement dans les bras de Morphée.

Written by delphine in laos

3 Comments

  1. Sophie
    23 décembre 2015

    Quelle aventure ! (et aussi une pensée pour ceux qui ont n’ont pas choisi d’y aller de leur plein gré)
    Alors ce chocolat ? Aussi bon que celui aux amandes ? 🙂

    Reply  
    • delphine
      23 décembre 2015

      Franchement pas mal du tout mais à vrai dire je les aime tous!! Peut-être une petite préférence pour le caramel beurre salé 😉

      Reply  
  2. Seb
    15 janvier 2016

    Pour les petits jeunes post 87, en plus de l’oscarisé Platoon (meilleur film, meilleur réal… et j’en passe), je rajouterais de prolonger le cours d’histoire avec les 2 autres films de la trilogie d’Oliver Stone:
    – Né un 4 juillet (Born on the Fourth of July) … encore un oscar de meilleur réalisateur décidemment.
    – Entre Ciel et Terre (Heaven and Earth) un film sans statuette, mais qui restitue un très beau traitement du Viêt Nam.

    Bises.

    Reply  

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