Entendez-vous la cloche?! Il est temps de revêtir sa confiance en soi, son plus beau sourire, une bonne dose d’énergie et de bonne humeur, c’est l’heure du cours débutant! Rien de moins que 40 élèves de 6 à 12 ans, surexités, nous attendent. Ici on apprend les basiques : les couleurs, les chiffres, le vocabulaire du quotidien… Je commence par leur enseigner à dire leur prénom et leur âge. Quel fou-rire lorsque le premier élève que j’interroge réponds à “What’s your name? How old are you?” un candide “My name is Delphine, I am 31!” en répétant mécaniquement mon exemple.

Par la suite un jeune aide travaillant pour la famille est venu me soutenir pour traduire et maintenir un semblant de discipline…il faut avoir de la voix et de la patience lorsqu’on ne parle pas la même langue pour les échanges les plus simples avec une foule de petits cambodgiens plus espiègles et dynamiques les uns que les autres.

Fanny, me donna une bonne idée pour enseigner en jouant à mes bambins, avant mon départ : le jeu du crocodile.

“Hey Mister crocodile! Can i cross the river? Yes if you are wearing a blue skirt!” Si tu as la chance de porter le vêtement de la bonne couleur tu avances d’un pas jusqu’à être le premier à traverser la rivière et à prendre la place de Mister Crocodile.

Forte de cette bonne idée je passe trois semaines à enseigner d’arrache pied le vocabulaire des vêtements et des couleurs.

Nous sommes enfin au dernier cours! Je suis tout excitée à l’idée de voir le sourire des enfants qui jouent. Nous sortons de la classe sous l’oeil étonné et septique des adultes vacant à leurs occupations dans la cour. J’avais briefé mon aide la veille pour qu’il comprenne bien les règles du jeu, bien que simples, et puisse les expliquer en kmer aux élèves le moment venu. L’explication est en cours, quelques visages s’éclairent mais la plus part restent interrogatifs. Enfin le premier “Hey Mister crocodile!” , en coeur, par ma quarantaine de petits bambins souriants retentit. Et c’est parti. Le jeu se déroulera tant bien que mal. Certains enfants trop timides pour vouloir avancer, d’autres n’ayant pas tout à fait saisi. Lorsqu’enfin le premier franchit la rivière et doit prendre ma place il recule, je lui souffle alors les répliques à l’oreille pour qu’il ne se sente pas dans l’embarras.

Ici les enfants ont l’habitude de répéter par coeur ce qu’on leur enseigne. Alors forcément lorsque cette fois-ci, je les sors du cadre du tableau noir et leur laisse un peu de prise d’initiative, tout devient plus compliqué. Le jeu continuera néanmois dans la bonne humeur et je garderai toujours un souvenir ému de ces bandes de gamins aux pieds nus.

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