Quand la nature est reine et l’homme est fou

Après avoir atteint le top la veille, il nous faut faire le grand saut sur les traces du fameux tigre. Descente de deux heures vers les eaux bouillonnantes qui sculptent le fond des gorges. Ce n’est plus la timide rivière, mince filet brillant, vue à 2000 mètres de haut de la veille. Non là c’est l’orage, la puissance et le tumulte! Les eaux foncent grondantes et rien ne les arrête. Spectacle effrayant et magnifique, on  s’entend à peine penser, muettes de respect. Il ne s’agit pas de faire un faux pas sur une pierre glissante.
Pour remonter à la Tina Guest house où nous attendent nos valises et le car vers notre nouvelle destination Shangri-la, il y a trois choix :
  • Reprendre les escaliers et les sentiers par lesquels nous sommes descendues : sûr mais peu excitant.
  • Emprunter un long chemin en lacet en payant un nouveau droit de passage de 4 euros…
  • Payer 2 euros pour emprunter le chemin rapide où deux échelles – dont une de trente mètres contournable par un sentier – aux mesures de sécurité inconnues, nous permettent de grimper rapidement et arrivent pile au pied de notre guesthouse.
Vous l’avez deviné avec Sophie, malgré notre vertige respectif, nous choisissons la troisième solution. Nous éviterons l’échelle de la mort par le sentier. Arrivées au bas de l’échelle de fer rouillée, bien que très abrupte sur les 10 derniers mètres, nous la trouvons abordable. Les barreaux sont larges et il y a des rambardes pour s’accrocher de part et d’autre. Nous nous sentons pousser des ailes, quelle victoire ce serait de faire fi de notre vertige et d’en venir à bout!
Ni une ni deux (il ne faut pas trop s’attarder sur la question au risque de changer d’avis), Sophie passe devant et “fingers in the nose” elle atteint le sommet en quelques minutes. C’est elle qui prendra ensuite la photo de couverture! Je la suis donc. Ni harnais, ni mousqueton, ni filet de sécurité. Les premiers mètres un peu en biais sont simples. A la moitié, l’échelle est complètement à la verticale. Ne pas regarder en bas. Devant moi la falaise rocheuse, une ancienne échelle en bois et métal rouillée délabrée, par dessus accrochée la nouvelle sur laquelle je grimpe. Mon poux s’accélère lorsque je réalise qu’une chute à cet instant serait mortelle. Je souffle fort mais régulièrement. Je me concentre sur la paroi rocheuse. Oups mais elle est où la rambarde du côté droit? Ah bah juste là à 20 centimètres plus haut, il y a vraisemblablement eu un petit soucis de raccord… Petite augmentation de mon rythme cardiaque. Oups mais elle est où la marche supérieure? Dans mon élan j’en ai tout simplement sautée une! Je me cogne le genou sur celle du dessus. Troisième augmentation du rythme cardiaque. A la quatrième il se passe quoi?
On ne le saura heureusement jamais, car j’atteins le sommet plus rapidement que je ne l’aurais imaginé. Bien gérer la prise de pied sur le sentier où m’attend Sophie, ce serait ballot de déraper à ce moment là n’est-ce pas?
Et voilà deux téméraires parisiennes qui se congratulent, elles ont vaincu l’échelle mais surtout leur peur!

Pour ceux qui serez encore indécis si vous empruntez l’échelle de la mort, cette gentille marchande aura tout ce qu’il faut pour vous remettre de vos émotions au sommet. Non, non pas une bière fraiche ou un snickers, rien de moins qu’un petit pochon de canabis!

gorges du saut du tigre 2eme jour19

Hier si vous avez été attentif cher lecteur, je vous disais que finalement après avoir repoussé les avances du mulet pour m’accompagner au sommet, j’étais l’amie des bêtes! Il s’avère que pas moins, d’une araignée géante, un lézard caméléon, un petit chien fou (moins exotique) mais surtout un potentiel prince charmant, nous ont accompagné Sophie et moi dans notre randonnée!

Et devinez en qui mon ami crapaud s’est transformé? je vous vends du rêve n’est-ce pas?

gorges du saut du tigre 2eme jour52

NB : A notre connaissance personne n’est mort dans cette ascension. Cette échelle bien que solide et présentant de bonnes prises la plupart du temps propose une montée tout à fait faisable mais qui reste néanmoins très périlleuse à mon goût. C’est bien simple, tout faux pas ou crise de panique pourrait entrainer un accident mortel car il n’y a aucune mesure sécurité. Donc je ne saurais vous répondre si vous me demandez « Puis-je l’emprunter ou pas? », même moi je serais incapable de me prononcer si c’était à refaire…

Written by delphine in chine

5 Comments

  1. Jeanne
    30 octobre 2015

    Les pots de fleurs à l’entrée du guest-house : du jamais vu, surtout peints en jaunes. Ca vaut le déplacement !!

    Reply  
  2. Seb
    30 octobre 2015

    C’est mon passage préféré cette histoire d’échelle 🙂
    Félicitations pour l’épreuve réussie, et bonne suite de voyage.

    Reply  
  3. Sandrine
    1 novembre 2015

    Ca pourrait s’apparenter à ce qu’on appelle les via ferratas en montagne par chez nous qui ne sont pas tristes non plus… bravo pour avoir vaincu la peur !

    Reply  
  4. Sophie
    2 novembre 2015

    We did it!!

    Reply  
  5. Stef
    20 novembre 2015

    Bravo ! Clairement, je n’aurais pas pu emprunter cette échelle !

    Reply  

Leave a comment

Next Post

A Shangri-la, il fait froid!

Après avoir atteint le top la veille, il nous faut faire le grand saut sur les traces du fameux tigre. Descente de deux heures vers les eaux bouillonnantes qui sculptent le fond des gorges. Ce n’est plus la timide rivière, mince filet brillant, vue à 2000 mètres de haut de la veille. Non là c’est l’orage, la puissance et le tumulte! Les eaux foncent grondantes et rien ne les arrête. Spectacle effrayant et magnifique, on  s’entend à peine penser, muettes de respect. Il ne s’agit pas de faire un faux pas sur une pierre glissante. Pour remonter à la Tina […]

Continue Reading